MacroCosmos novembre-décembre 2022

45 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2022 ASTRO PUBLISHING Neptune est beaucoup plus riche en éléments plus lourds que l’hydro- gène et l’hélium. Cela se voit facile- ment dans l’apparence bleue caracté- ristique de la planète sur les images du télescope spatial Hubble aux lon- gueurs d’onde visibles, causées par de petites quantités de mé- thane gazeux. La Near-Infrared Camera (NIR- Cam) de Webb cadre les ob- jets dans la gamme du proche infrarouge de 0,6 à 5 microns, de sorte que Neptune n’appa- raît pas bleu pour Webb. En fait, le gaz méthane absorbe si fortement la lumière rouge et infrarouge que la planète est assez sombre à ces lon- gueurs d’onde proches de l’infrarouge, sauf là où des nuages de haute altitude sont présents. Ces nuages de mé- thane et de glace sont pro- éminents sous forme de stries et de points lumineux, qui re- flètent la lumière du Soleil avant qu’elle ne soit absorbée par le gaz méthane. Des images d’autres instru- ments, dont le télescope spatial Hub- ble et le W.M. Keck Observatory, ont enregistré ces nuages caractéris- tiques en évolution rapide au cours des années. En particulier, une fine ligne de luminosité entourant l’équa- D ans cette version de l’image de Neptune de la NIRCam (Near- Infrared Camera) de Webb, les lunes visibles de la planète sont affichées. Neptune a 14 satellites connus et sept d’entre eux sont reconnaissables sur cette image. Triton, le point lumineux en haut à gauche de cette image, dépasse de loin Neptune, car l’at- mosphère de la planète est obscurcie par l’absorption de mé- thane aux longueurs d’onde capturées par Webb. [NASA, ESA, CSA, STScI − Image processing: Joseph DePasquale (STScI)] ! teur de la planète pourrait être une si- gnature visuelle de la circulation atmo- sphérique globale qui alimente les vents et les tempêtes de Neptune. L’atmo- sphère descend et se réchauffe à l’équateur, et brille aux longueurs d’onde infrarouges plus que les gaz environnants plus froids. L’orbite de 164 ans de Neptune signifie que son pôle nord, en haut de cette image, est juste hors de vue pour les astro- nomes, mais les images de Webb sug- gèrent une luminosité intrigante dans cette zone. Un vortex précé- demment connu au pôle sud, est évi- dent dans la vue de Webb, mais pour la première fois l’instrument a révélé une bande continue de nuages à haute latitude qui l’entoure. Webb a également capturé sept des 14 lunes connues de Neptune. Dominant ce portrait de Neptune, on remarque un point de lumière très brillant qui expose les rayons de diffraction ca- ractéristiques vus dans de nom- breuses images de Webb, mais cette fois, ce n’est pas une étoile. Au lieu de cela, c’est la grande et inhabituelle lune de Neptune, Tri- ton. Couverte d’un éclat glacial d’azote condensé, Triton réfléchit en moyenne 70 % de la lumière solaire incidente. Elle dépasse de loin l’éclat de Neptune sur cette image, car l’at- mosphère de la planète est obscurcie par l’absorption de méthane aux longueurs d’onde du proche infrarouge. Triton orbite autour de Neptune sur une orbite ré- trograde inhabituelle, ce qui a conduit les astronomes à spécu- ler que cette lune était à l’ori- gine un objet de la ceinture de Kuiper, puis capturée gravita- tionnellement par Neptune. D’autres études par Webb sur Triton et Neptune sont prévues pour l’année prochaine. Le télescope spatial James Webb est le principal observatoire des sciences spatiales au monde. Webb tentera de résoudre les mystères de notre système so- laire, regardera au-delà des mondes lointains autour d’autres étoiles et sondera les mystérieuses structures et origines de notre uni- vers, et par conséquent notre place dans celui-ci. Webb est un pro- gramme international dirigé par la NASA avec ses partenaires, l’Agence spatiale européenne et l’Agence spa- tiale canadienne. L ’image NIRCam (Near-Infrared Camera) de Webb de Neptune, prise le 12 juillet 2022, se concentre sur les anneaux de la planète observés pour la première fois depuis plus de trois décennies. [NASA, ESA, CSA, STScI − Image processing: Joseph DePasquale (STScI)]