MacroCosmos novembre-décembre 2020

9 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2020 ASTROCHIMIE maintenant que les créa- tures présumées, sembla- bles à des disques et des scorpions, étaient des ar- tefacts des images, un exemple clair de la rela- tion inverse entre les don- nées et la spéculation. Quiconque fonde la vie vénusienne sur des orga- nismes unicellulaires ha- bitant les étangs de la Terre devrait faire des suppositions osées dans la biologie pour rendre ces organismes suffisamment robustes pour survivre aux conditions hyper acides, toxiques et pauvres en eau de l’at- mosphère vénusienne supérieure. Cela dit, des organismes exceptionnellement résis- tants abondent déjà sur notre planète. Les exemples incluent thermococcus gammato- lerans, qui peut survivre à de fortes doses de rayonnement gamma, pyrococcus furiosus, qui se développe au point d’ébullition de l’eau (nous, simples habitants de la surface, comptons sur l’eau bouillante pour tuer les bactéries nocives), ou clostridium para- doxum, trouvé dans le drainage minier acide et les sources volcaniques. Les conditions extrêmes nécessitent une adaptation extrême. Nous trouvons des or- ganismes existant sur Terre dans des en- droits, y compris la haute atmosphère, où nous ne penserions même pas à les chercher sans avoir la confirmation constante que la vie, dans un très large éventail d’environne- ments, trouve toujours un chemin. Même sans une vraie forme de vie, la pré- sence de quelques petites molécules dans les atmosphères planétaires et leur participa- tion à des processus biologiques n’est pas nouvelle, même dans notre système solaire. Les variations saisonnières du méthane dans l’atmosphère martienne en sont un exemple. Le méthane (CH 4 ) est décomposé par le rayonne- ment UV. La mince atmosphère martienne offre peu de protec- tion contre le rayonnement so- laire, ce qui devrait provoquer une réduction importante du méthane. Le fait est qu’il existe bien et change de façon saison- nière indiquant soit qu’un pro- cessus géochimique produit cycliquement du méthane ou que, peut-être, un processus biologique est en cours et res- taure le méthane atmosphé- rique de façon saisonnière. Alors que la détection de mé- thane autour d’une exoplanète rocheuse serait une découverte importante, il y a une autre mo- lécule sur laquelle l’astrobiolo- C ette vidéo ré- sume la dé- couverte de la phosphine dans l’atmosphère de Vénus. [ESO] Ci-dessous, l’inou- bliable Carl Sagan (avec le fameux message envoyé sur les sondes Pioneer), qui, il y a déjà soixante ans, émettait l’hypothèse de l’existence possi- ble de la vie dans la haute atmo- sphère de Vénus. [CBS via Getty images]

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