MacroCosmos novembre-décembre 2020

22 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2020 CHRONIQUES DE L'ESPACE impossible l’observation avec des télescopes au sol. L’équipe a utilisé COS pour détecter les gaz ionisés at- tribuables au carbone, au silicium et à l’oxygène. Un atome s’ionise lorsque le rayonnement arrache un ou plusieurs électrons. Le halo d’Andromède avait déjà été sondé par l’équipe de Lehner. En 2015, ils avaient découvert qu’il est grand et massif, mais il y avait peu d’indices de sa complexité. Maintenant, il est cartographié plus en détail, conduisant à une détermination beaucoup plus précise de sa taille et de sa masse. « Auparavant, il y avait très peu d’informations à moins d’un million d’années-lumière de la ga- laxie (seulement six quasars exami- nés). Ce nouveau programme fournit beaucoup plus d’informations sur cette région intérieure du halo d’An- dromède » , a expliqué le co-cher- cheur J. Christopher Howk, égale- ment de l’Université de Notre-Dame. « Sonder le gaz dans ce rayon est im- portant, car il représente une sorte de sphère d’influence gravitation- nelle pour Andromède. » Comme nous vivons à l’intérieur de la Voie C ette illustration montre l’emplace- ment des 43 quasars utilisés par les scientifiques pour sonder le halo ga- zeux d’Andromède. Ces quasars sont dispersés loin derrière le halo, permet- tant aux scientifiques de sonder plus de régions. En regardant à travers l’im- mense halo vers la lumière des qua- sars, l’équipe a observé comment cette lumière est absorbée par le halo et comment cette absorption change dans différentes régions. En suivant l’absorption de la lumière des quasars d’arrière-plan, les scientifiques sont ca- pables de sonder le matériel du halo. [NASA, ESA, and E. Wheatley (STScI)] ! Lactée, les scientifiques sont incapa- bles d’interpréter facilement la si- gnature du halo de notre galaxie. Cependant, ils pensent que les halos d’Andromède et de la Voie Lactée doivent être très similaires, car ces deux galaxies sont assez compara- bles. Les deux galaxies sont sur une trajectoire de collision et fusionne- ront pour former une galaxie ellip- tique géante dans environ 4 milliards d’années. Les scientifiques ont étudié les halos de gaz de galaxies plus éloi- gnées, mais ces galaxies sont beau- coup plus petites dans le ciel, ce qui signifie que le nombre de quasars d’arrière-plan suffisamment brillants pour sonder leur halo n’est générale- ment que d’un par galaxie. Les infor- mations spatiales sont donc essentiel- lement perdues. Etant donné sa proximité de la Terre, le halo gazeux d’Andromède occupe une place im- portante dans le ciel, permettant un échantillonnage beaucoup plus large. « C’est vraiment une expé- rience unique, car ce n’est qu’avec Andromède que nous avons des in- formations sur son halo, pas seule- ment le long d’une ou deux lignes de vue, mais sur 40 lignes », a expliqué Lehner. « C’est révolutionnaire de capturer la complexité d’un halo ga- lactique au-delà de notre Voie Lac- tée. » En fait, Andromède est la seule galaxie de l’univers pour laquelle cette expérience peut désormais être réali- sée, et uniquement avec Hubble. Ce n’est qu’avec un futur téles- cope spatial sensible aux ultraviolets que les scientifiques pourront entreprendre réguliè- rement ce type d’ex- périmentation, au-delà des quelques 30 ga- laxies qui composent le Groupe Local. « Le Pro- jet AMIGA nous a donc également donné un aperçu de l’avenir » , a conclu Lehner. C e diagramme montre la lumière d’un quasar d’arrière-plan passant à travers le vaste halo de gaz autour de la voisine galaxie d’Andromède (M31), mesurée spectroscopiquement par le télescope spatial Hubble. Les régions colorées mon- trent l’absorption des deux composants qui constituent le halo. Pour le silicium io- nisé, une absorption significative est indi- quée dans les deux graphiques. Le car- bone le plus ionisé est absorbé par un seul composant. Les astronomes peuvent dis- tinguer les deux parce que leurs mouve- ments le long de la ligne de mire, connue sous le nom de vitesse radiale, provo- quent un décalage Doppler qui change la longueur d’onde de la lumière absorbée. [NASA, ESA, and E. Wheatley (STScI)]

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