MacroCosmos septembre-octobre 2024

ter : elle est un peu plus chaude et plus massive, mais elle ressemble plus à Jupiter que n’importe quelle autre planète pho- tographiée jusqu’à pré- sent » , a ajouté l’auteur principal Elisabeth Mat- thews de l’Institut Max Planck pour Astronomie, Allemagne. Les exopla- nètes précédemment pho- tographiées ont tendance à être plus jeunes et plus chaudes, et elles rayonnent encore une grande partie de l’énergie qu’elles ont stockée lors de leur formation. À mesure que les planètes se refroi- dissent et se contractent au cours de leur existence, elles deviennent net- tement plus faibles et donc plus dif- ficiles à imager. « Les planètes froides sont très faibles et la plupart de leurs émissions se situent dans l’infrarouge moyen » , a expliqué Matthews. 47 SEPTEMBRE-OCTOBRE 2024 « Webb est idéal pour obtenir des images dans l’infrarouge moyen, ce qui est extrêmement compliqué à réaliser depuis le sol. Nous avions également besoin d’une bonne réso- lution spatiale pour séparer la pla- nète et l’étoile dans nos images, et le grand miroir de Webb est extrême- ment utile à cet égard. » Epsilon Indi Ab est l’une des exopla- nètes les plus froides à avoir été dé- tectées directement, avec une tem- pérature estimée à 2 degrés Celsius, plus froide que n’importe quelle pla- nète imagée en dehors de notre sys- tème solaire et plus froide que toutes les naines brunes flottantes sauf une. La planète est seulement environ 100 degrés Celsius plus chaude que les géantes gazeuses de notre système solaire. Cela offre une rare opportu- nité aux astronomes d’étudier la composition atmosphérique de véri- tables analogues du système solaire. « Les astronomes ont imaginé des planètes dans ce système depuis des décennies ; des planètes fictives en orbite autour d’Epsilon Indi ont été les décors d’épisodes de Star Trek, de romans et de jeux vidéo comme Halo » , a ajouté Morley. « C’est pas- sionnant de voir une planète là-bas et de commencer à mesurer ses pro- priétés. » Epsilon Indi Ab est la dou- zième exoplanète la plus proche de la Terre connue à ce jour et la pla- nète la plus proche plus massive que Jupiter. L’équipe scientifique a choisi d’étudier Eps Ind A parce que le sys- tème montrait des indices d’un éven- tuel corps planétaire en utilisant la technique de la vitesse radiale, qui mesure les oscillations de va-et-vient de l’étoile hôte le long de notre ligne de mire. « Alors que nous nous atten- dions à imager une planète dans ce système, parce qu’il y avait des indi- cations sur la vitesse radiale de son étoile, ce que nous avons trouvé n’est pas ce à quoi nous nous atten- dions » , a expliqué Matthews. « Il a environ le double de la masse atten- due, est un peu plus éloigné de son étoile et a une orbite différente de celle prévue. La cause de cet écart reste une question ouverte. L’atmo- sphère de la planète semble égale- ment être un peu différente des prédictions du modèle. Jusqu’à pré- sent, nous ne disposons que de quelques mesures photométriques de l’atmosphère, ce qui signifie qu’il est difficile de tirer des conclusions, mais la planète est plus faible que prévu à des longueurs d’onde plus courtes. » L’équipe pense que cela pourrait signifier qu’il existe des quantités importantes de méthane, de mo- noxyde de carbone et de dioxyde de carbone dans l’atmosphère de la planète qui absorbent les longueurs d’onde les plus courtes de la lu- mière. Cela pourrait aussi suggérer une atmosphère très nuageuse. L’imagerie directe des exoplanètes est particulièrement précieuse pour leur caractérisation. Les scientifiques peuvent directement collecter la lu- mière de la planète observée et com- parer sa luminosité à différentes longueurs d’onde. Jusqu’à présent, l’équipe scientifique n’a détecté Ep- silon Indi Ab qu’à quelques lon- gueurs d’onde, mais elle espère revisiter la planète avec Webb pour effectuer des observations photomé- triques et spectroscopiques à l’ave- nir. Ils espèrent de plus détecter d’autres planètes similaires avec Webb, pour découvrir les tendances possibles de leur atmosphère et la manière dont ces objets se forment. Le prochain Nancy Grace Roman Space de la NASA utilisera un coro- nographe pour démontrer la tech- nologie d’imagerie directe, photo- graphiant des mondes semblables à Jupiter en orbite autour d’étoiles semblables au Soleil, ce qui n’a ja- mais été fait auparavant. Ces décou- vertes ouvriront la voie à de futures missions visant à étudier davantage de mondes semblables à la Terre. P age précédente − Cette image de l’exo- planète géante gazeuse Epsilon Indi Ab a été prise avec le coronographe de MIRI de Webb. Un sym- bole en forme d’étoile in- dique l’emplacement d’Epsilon Indi A, dont la lumière a été bloquée par le coronographe, entraî- nant un cercle sombre marqué d’une ligne poin- tillée blanche. Epsilon Indi Ab est l’une des exo- planètes les plus froides jamais photographiées directement. La lumière à 10,6 microns a reçu la couleur bleue, tandis que la lumière à 15,5 mi- crons a reçu la couleur orange. En réalité, MIRI n’a pas résolu la planète, qui est une source ponc- tuelle. [NASA, ESA, CSA, STScI, Elisabeth Mat- thews (MPIA)] !

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