MacroCosmos septembre-octobre 2022
30 SEPTEMBRE-OCTOBRE 2022 ASTRO PUBLISHING appelée stratosphère. Cela a permis à l’équipe de dresser un tableau de la température de Nep- tune et de ses variations pendant une partie de son été austral. Parce que Neptune se trouve à environ 4,5 mil- liards de kilomètres et qu’elle est très froide, la température moyenne de la planète atteignant environ -220 °C, mesurer sa température depuis la Terre n’est pas une tâche facile. « Ce type d’étude n’est possible qu’avec des images infrarouges sensibles provenant de grands télescopes comme le VLT qui peuvent obser- ver clairement Neptune, et celles-ci ne sont dispo- nibles que depuis une vingtaine d’années » , ex- plique le co-auteur Leigh Fletcher, professeur à l’université de Leicester. Environ un tiers de toutes les images prises provenaient de l’instrument VISIR (VLT Imager and Spectrometer for mid-InfraRed) sur le VLT de l’ESO dans le désert d’Atacama au Chili. L ’image à gauche de la planète Neptune fut acquise durant la période de test de l’optique adaptative en mode Champ Etroit qui équipe l’instrument MUSE sur le Very Large Teles- cope de l’ESO. L’image à droite est issue du Télescope Spatial Hubble du consortium NASA/ESA. Ces deux clichés ayant été acquis à des époques différentes, ils ne montrent pas les mêmes détails à la surface de la planète. [ESO/P. Weilbacher (AIP)/NASA, ESA, and M.H. Wong and J. Tollefson (UC Berkeley)] Grâce à la taille du miroir et à l’alti- tude du télescope, la résolution et la qualité des données sont très éle- vées, offrant ainsi les images les plus claires de Neptune. L’équipe a également utilisé les don- nées du télescope spatial Spitzer de la NASA et des images prises avec le télescope Ge- mini Sud au Chili, ainsi qu’avec le té- lescope Subaru, le télescope Keck et le télescope Ge- mini Nord, tous si- tués à Hawaï. Les variations de température de Neptune étant si inattendues, les astronomes ne sa- vent pas encore ce qui a pu les pro- voquer. Elles pour- raient être dues à L ’évolution des images thermiques prises depuis Neptune à l’aide de l’instrument VISIR du VLT. Les images, prises entre 2006 et 2021, montrent un refroidissement progressif de Neptune, avant un réchauffement spectaculaire de son pôle sud au cours des dernières années. [ESO/M. Roman] des changements dans la chimie de la stratosphère de Neptune, à des phénomènes météorologiques aléa- toires, ou même au cycle solaire. D’autres observations seront néces- saires dans les années à venir pour explorer les raisons de ces fluctua- tions. Les futurs télescopes terrestres comme l’ELT (Extremely Large Telescope) de l’ESO pourraient observer les chan- gements de température de ce type de manière plus détaillée, tandis que le télescope spatial James Webb de la NASA/ESA/CSA fournira de nou- velles cartes sans précédent de la chi- mie et de la température de l’atmo- sphère de Neptune. « Je pense que Neptune est en soi très intrigante pour beaucoup d’en- tre nous, car nous en savons encore très peu sur elle » , déclare Michael Roman. « Tout cela laisse entrevoir une image plus complexe de l’atmo- sphère de Neptune et de la façon dont elle évolue avec le temps. » !
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