MacroCosmos septembre-octobre 2021

25 SEPTEMBRE-OCTOBRE 2021 ASTRO PUBLISHING sent et gonflent au sein de l’étoile. L’équipe conclut que quelques temps avant cette grande diminution de luminosité, l’étoile a éjecté une grosse bulle de gaz qui s’est éloignée d’elle. Lorsqu’une partie de la surface s’est refroidie peu après, la baisse de température a été suffi- sante pour que le gaz se condense en poussière so- lide. « Nous avons assisté en direct à la formation de ce que l’on appelle la poussière d’étoile » , ex- plique Miguel Montargès, dont l’étude apporte la preuve que la formation de poussière peut se produire très rapidement et à proximité de la surface d’une étoile. « La poussière expulsée des étoiles froides en fin de vie, comme celle dont nous venons d’être té- moins, pourrait constituer les briques élémentaires des planètes telluriques et de la vie » , ajoute Emily Cannon, de la KU Leuven, qui a également participé à l’étude. Plutôt que d’être simplement le résultat d’une éruption de pous- sière, certaines spécula- tions ont laissé entendre que la baisse de luminosité de Bételgeuse pourrait an- noncer sa mort imminente dans une spectaculaire ex- plosion en supernova. Une supernova n’a pas été ob- servée dans notre galaxie depuis le XVII e siècle, si bien que les astronomes d’aujourd’hui ne savent pas exactement ce qu’ils doivent s’attendre à obser- ver d’une étoile avant un tel événement. Toutefois, cette nouvelle recherche confirme que la grande di- minution de luminosité de Bételgeuse n’était pas un L’équipe a utilisé l’instru- ment SPHERE (Spectro- Polarimetric High-contrast Exoplanet REsearch) du VLT de l’ESO pour obtenir une image directe de la surface de Bételgeuse, ainsi que les données de l’instrument GRAVITY du Very Large Telescope Inter- ferometer (VLTI) de l’ESO, afin de surveiller l’étoile tout au long de la diminu- tion de sa luminosité. Les télescopes, situés à l’Obser- vatoire de Paranal de l’ESO, dans le désert d’Ata- cama au Chili, ont été des « outils capitaux de diag- nostic pour découvrir la cause de ce phénomène de déclin » , explique Emily Cannon. « Nous avons été en mesure de résoudre les détails de la surface de l’étoile et de la surveiller tout au long de l’événement et pas juste l’observer comme un simple point » , ajoute Miguel Montargès. Miguel Montargès et Emily Cannon attendent avec impatience ce que l’avenir de l’astronomie, et en parti- culier ce que l’Extremely Large Telescope (ELT) de l’ESO, apportera à leur étude de Bételgeuse, une étoile supergéante rouge. « Grâce à sa capacité à at- teindre des résolutions spatiales inégalées, l’ELT nous permettra d’imager directement Bételgeuse avec des détails remar- quables » , explique Emily Cannon. « Il élargira égale- ment de manière significa- tive l’échantillon de super- géantes rouges dont nous pouvons étudier la surface par imagerie directe, ce qui nous aidera à percer les mystères qui se cachent derrière les vents de ces étoiles massives. » C ette animation combine quatre images réelles de l’étoile supergéante rouge Bételgeuse, prises avec l’instrument SPHERE lors de l’obscurcissement sans précédent de l’étoile. [ESO/M. Montargès et al./L. Calçada] C ette animation d’artiste montre une vue rapprochée de la surface irrégulière de Bételgeuse (avec ses bulles de gaz géantes et dynamiques) et les étoiles lointaines qui parsèment l’arrière-plan. Lorsque la “caméra virtuelle” tourne de droite à gauche, nous voyons un amas de poussière, qui s’est condensé à partir du gaz libéré par l’étoile, obscurcissant la région sud de Bételgeuse [ESO/L. Calçada] signe précoce que l’étoile se dirigeait vers son ultime explosion. Le fait d’assister à l’important déclin d’une étoile aussi reconnaissable a été passionnant pour les astronomes professionnels et amateurs, comme le résume Emily Cannon : « En regar- dant les étoiles la nuit, ces minuscules points lumineux scintillants semblent perpétuels. L’important déclin de Bé- telgeuse brise cette illusion ». !

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