MacroCosmos juillet-août 2024

34 temps ! » explique Abigail Frost. La différence d’âge − une étoile semble être au moins 1,5 million d’années plus jeune que l’autre − suggère que quelque chose a dû ra- jeunir l’étoile la plus massive. Une autre pièce du puzzle est la né- buleuse qui entoure les étoiles, connue sous le nom de NGC 6164/ 6165. Elle est âgée de 7500 ans, soit des centaines de fois plus jeune que les deux étoiles. La nébuleuse présente également de très grandes quantités d’azote, de carbone et d’oxygène, ce qui est surprenant, car ces éléments sont normalement attendus à l’intérieur d’une étoile, et non à l’extérieur ; c’est comme si un événement vio- lent les avait libérés. Pour élucider ce mystère, l’équipe a rassemblé neuf années de données provenant des instruments PIONIER et GRAVITY, tous deux installés sur le Very Large Telescope Interfero- meter (VLTI) de l’ESO, situé dans le désert d’Atacama au Chili. Ils ont par ESO − Thierry Botti Un choc entre étoiles résout un mystère «L ors de mes recherches, j’ai été frappée par la particularité de ce sys- tème » , explique Abigail Frost, as- tronome à l’ESO au Chili et autrice principale d'une étude publiée dans Science . Le système, HD 148937, est situé à environ 3800 années-lumière de la Terre, dans la direction de la constellation Norma. Il est compo- sée de deux étoiles beaucoup plus massives que le Soleil et entourée d’une magnifique nébuleuse, un nuage de gaz et de poussières. « Une nébuleuse entourant deux étoiles massives est une rareté, et cela nous a donné l’impression que quelque chose de cool devait s’être produit dans ce système. Au fur et à mesure que nous examinions ces données, cette impression n’a fait que croître. » « Après une analyse détaillée, nous avons pu déterminer que l’étoile la plus massive semble beaucoup plus jeune que son compagnon, ce qui n’est pas logique puisqu’elles auraient dû se former en même également utilisé des données d’ar- chives de l’instrument FEROS à l’ob- servatoire de La Silla de l’ESO. « Nous pensons que ce système avait au moins trois étoiles à l’origine ; deux d’entre elles devaient être proches à un moment donné de l’or- bite, tandis qu’une autre étoile était beaucoup plus éloignée » , ex- plique Hugues Sana, professeur à la KU Leuven, en Belgique, et princi- pal responsable des observations. « Les deux étoiles internes ont fu- sionné de manière violente, créant une étoile magnétique et rejetant de la matière, ce qui a donné nais- sance à la nébuleuse. L’étoile la plus éloignée a formé une nouvelle orbite avec l’étoile nouvellement fusionnée, devenue magnétique, créant ainsi la binaire que nous voyons aujourd’hui au centre de la nébuleuse. » « Le scénario de la fusion me trottait déjà dans la tête en 2017 lorsque j’étudiais les observations de nébu- leuses obtenues avec le télescope

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