MacroCosmos juillet-août 2022

45 ASTRO PUBLISHING deux types d’astres rares et offre une nouvelle voie pour comprendre la croissance rapide des trous noirs supermassifs dans les premiers jours de l’univers » , a poursuivi Fujimoto. « Notre découverte est un précur- seur des trous noirs supermassifs que nous observons plus tard. » Alors que d’autres interprétations des données de l’équipe ne peuvent pas être complètement exclues, les propriétés observées de GNz7q sont en fort accord avec les prédic- tions théoriques. La galaxie hôte de GNz7q forme des étoiles au rythme de 1600 masses solaires par an, et GNz7q lui-même apparaît brillant aux longueurs d’onde ultraviolettes, mais très faible aux longueurs d’onde des rayons X. L’équipe a in- terprété cela, ainsi que la luminosité de la galaxie hôte aux longueurs d’onde infrarouges, pour suggérer que GNz7q héberge un trou noir à croissance rapide encore obscurci par le noyau poussiéreux de son disque d’accrétion au centre de la galaxie hôte. En plus de l’importance de GNz7q pour comprendre les origines des trous noirs supermassifs, cette découverte est remarquable pour sa localisation dans le champ Hubble GOODS North, l’une des zones les plus étudiées du ciel nocturne. « GNz7q est une découverte unique faite en plein centre d’un champ cé- leste célèbre et bien étudié, prou- vant que souvent de grandes découvertes peuvent être cachées juste devant vous » , a commenté Ga- briel Brammer, un autre astronome de l’Université de Copenhague et membre de l’équipe à l’origine de ce résultat. « Il est peu probable que la découverte de GNz7q dans la zone d’enquête GOODS-N relativement petite n’ait été qu’une “chance tri- viale”. Au contraire, la prévalence de ces sources pourrait, en effet, être nettement plus élevée que l’on ne le pensait auparavant. » Trouver GNz7q n’a été possible que grâce aux ensembles de données à plusieurs longueurs d’onde, détail- lés de manière unique et disponi- bles pour GOODS-North. Sans cette richesse de mesures, GNz7q aurait été facile à négliger, car il lui man- quait les caractéristiques distinctives habituellement utilisées pour iden- tifier les quasars dans l’univers pri- mitif. L’équipe espère maintenant rechercher systématiquement des objets similaires, grâce à des détec- tions dédiées à haute résolution, et d’exploiter les instruments spectro- scopiques du télescope spatial Webb pour étudier des objets tels que GNz7q avec des détails sans précédent. « La caractérisation com- plète de ces objets et l’analyse de leur évolution et de la physique sous-jacente de manière beaucoup plus détaillée deviendront possibles avec le télescope spatial Webb » , Fu- jimoto a conclu. « Une fois opéra- tionnel, Webb aura le pouvoir de déterminer de manière décisive la fréquence réelle de ces trous noirs à croissance rapide. » JUILLET-AOÛT 2022 V ue d’artiste de GNz7q, le premier trou noir à croissance rapide découvert dans l’univers primitif. [ESA/Hubble, N. Bartmann] !