MacroCosmos septembre-octobre 2016

17 SEPTEMBRE-OCTOBRE 2016 CHRONIQUES DE L'ESPACE blanche d’AR Sco accélère des élec- trons presque jusqu’à la vitesse de la lumière. Claquant dans l’espace, ces particules de haute énergie émettent des radiations qui, comme le faisceau d’un phare, viennent fouetter le vi- sage de la naine rouge, de sorte que toutes les 1,97 minutes, le système entier brille puis s’affaiblit. Ces puissantes pulsa- tions rayon- nent dans le domaine radio, ce que l’on n’avait encore jamais vu pour une naine blanche. Le directeur de recherches Tom Marsh du Groupe d’Astro- physique de l’Univer- sité de Warwick, com- mente : « AR Scorpii a été découvert il y a plus de 40 ans, mais sa vraie na- ture restait in- soupçonnée jus- qu’à ce que l’on commence à l’ob- server en juin 2015. Au fur et à mesure des pro- grès de nos ob- servations, nous réalisions que nous voyions quelque chose d’extraordi- naire. » Les proprié- tés observées d’AR Sco sont uniques. Mais aussi mystérieuses. Les radiations couvrant une large bande de fréquences indiquent qu’elles provien- nent d’électrons accélérés par des champs magnétiques, ce qu’on peut expliquer par la naine blanche en rotation. Cependant, la source des électrons eux-mêmes est un grandmystère – on ne sait pas si elle est liée à la naine blanche ou à sa compagne plus froide. AR Scorpii a d’abord été observée au début des années 70, et les fluctuations régulières de sa lu- minosité toutes les 3,6 heures la firent classer à tort comme une étoile varia- ble solitaire. Une étoile est dite varia- ble lorsque sa luminosité vue de la Terre fluctue. Les fluctuations peuvent être dues à des changements des pro- priétés intrinsèques de l’étoile : par exemple certaines étoiles se dilatent et se contractent notablement. Elles peuvent aussi résulter d’un autre objet éclipsant l’étoile. AR Scorpii a été pris à tort pour une étoile variable solitaire, car les oscillations régulières de la luminosité observée surviennent lorsqu’une étoile du couple passe de- vant l’autre et masque sa lumière. La C e rendu vraie source de la variabilité d’AR Scorpii a été révélée grâce aux efforts conjoints d’astronomes amateurs et professionnels. Des comportements pulsatifs similaires ont été observés auparavant, mais avec des étoiles à neutrons – les objets célestes parmi les plus denses connus de l’univers – et non pas des naines blan- ches. Boris Gän- sicke, co-auteur de la nouvelle étude, lui aussi de l’Université de Warwick, conclut : « Nous connaissons les étoiles à neu- trons pulsantes depuis près de cinquante ans, et certaines théories prédi- saient que des naines blanches pourraient montrer un tel compor- tement. C’est passionnant d’avoir découvert un tel système, et c’est un exemple fantastique de collabo- ration entre astronomes amateurs et universitaires ». n Z oomant sur l’étrange système AR Scorpii, cette vidéo montre que telles le faisceau d’un phare, les radiations dûes aux électrons accélérés autour de la naine blanche viennent fouetter la naine rouge, la faisant clignoter spectaculairement toutes les 1,97 minute. [ESA/Hubble, L. Calçada, University of Warwick] d’ar- tiste montre l’é- trange objet AR Scorpii. Dans cette étoile double hors du commun, une naine blanche en rotation rapide (à côte) propulse des électrons quasiment à la vitesse de la lumière. Ces particules de haute éner- gie émettent des décharges de radia- tions qui fouettent la naine rouge (à gauche) et provoquent une pulsation spectaculaire toutes les 1,97 minutes dans une gamme allant de l’ultravio- let aux ondes radio. [M. Garlick/Uni- versity of Warwick, ESA/Hubble]

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