MacroCosmos mai-juin 2023

45 « L’observation des changements de polarisation en fonction de l’orienta- tion de l’astéroïde par rapport à nous et au Soleil révèle la structure et la composition de sa surface. » Stefano Bagnulo et ses collègues ont utilisé l’instrument FORS2 (FOcal Re- ducer/low dispersion Spectrograph 2) sur le VLT pour surveiller l’asté- roïde, et ils ont trouvé que le niveau de polarisation a soudainement chuté après l’impact. Au même moment, la luminosité globale du système a aug- menté. Une explication possible est que l’impact a exposé plus de ma- tière vierge de l’intérieur de l’asté- roïde. « Peut-être que la matière expulsée par l’impact était intrinsè- quement plus lumineuse et moins polarisante que la matière à la sur- face, car elle n’a jamais été exposé au vent solaire et à la radiation du soleil, » dit Stefano Bagnulo. Une autre possibilité est que l’impact a détruit des particules à la surface, éjectant ainsi beaucoup de plus pe- tites particules dans le nuage de dé- bris. « Nous savons que dans cer- taines circonstances, de plus petits fragments sont plus efficaces pour refléter la lumière et moins efficaces pour la polariser, » explique Zuri Gray, doctorant lui aussi à l’Armagh Observatory and Planetarium. Les études faites par les équipes me- nées par Stefano Bagnulo et Cyrielle Opitommontrent le potentiel du VLT lorsque ses différents instruments s’associent. En fait, en complément de MUSE et FORS2, les suites de l’im- pact ont été observé par deux autres instruments du VLT, et l’analyse de ces données est en cours. « Cette re- cherche a bénéficié d’une situation exceptionnelle lorsque la NASA a per- cuté un astéroïde, » conclut Cyrielle Opitom. « Donc elle ne peut pas être répétée avec un autre dispositif. Cela rend les données obtenues avec le VLT au moment de l’impact extrême- ment précieuses pour mieux com- prendre la nature des astéroïdes. » ! C ette série d’images, prises avec l’instrument MUSE sur le Very Large Telescope de l’ESO, montre l’évolution du nuage de débris qui a été éjecté quand l’impacteur DART de la NASA est entré en collision avec l’astéroïde Dimorphos. La première image a été prise le 26 septembre 2022, juste avant l’impact, et la der- nière image a été prise presque un mois plus tard le 25 octobre. Sur cette période plusieurs structures se sont développées : des amas, des spirales et une longue queue de poussière re- poussée par le rayonnement du Soleil. La flèche blanche dans chaque case in- dique la direction du soleil. Dimorphos est en orbite autour d’un plus grand astéroïde nommé Didymos. La barre horizontale correspond à 500 kilomè- tres, mais les astéroïdes sont éloignés seulement d’un kilomètre l’un de l’au- tre, donc ils ne peuvent pas être dis- cernés dans ces images. Les rayures en arrière-plan sont dues au mouvement apparent des étoiles pendant les ob- servations alors que le télescope était en cours d’observation de la paire d’astéroïdes. [ESO/Opitom et al.] « Nous savions que cela n’était pas gagné − dit-elle − car la quantité de carburant restant dans les réservoirs du système propulseur ne serait pas énorme. En outre, une partie serait allée trop loin pour pouvoir être dé- tecté par MUSE au moment du dé- but des observations. » Une autre équipe, menée par Stefa- no Bagnulo, astronome à l’Armagh Observatory and Planetarium au Royaume-Uni, a étudié comment l’impact de DART a altéré la surface de l’astéroïde. « Lorsque nous observons les objets de notre système solaire, nous regar- dons la lumière du soleil qui est réflé- chie par leur surface ou par leur atmosphère et qui devient partielle- ment polarisée » , explique Stefano Bagnulo. Cela signifie que les ondes lumineuses oscillent dans une direc- tion privilégiée plutôt que de ma- nière aléatoire.

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