MacroCosmos mai-juin 2022

38 MAI-JUIN 2022 ASTRO PUBLISHING teure Alice Booth, également cher- cheuse à l’Observatoire de Leiden. Les molécules ont été découvertes dans le disque de formation de pla- nètes autour de la jeune étoile IRS 48 (également connue sous le nom de Oph-IRS 48) grâce à ALMA, un observatoire dont l’Observatoire Eu- ropéen Austral (ESO) est “coproprié- taire”. IRS 48, située à 444 années- lumière dans la constellation de l’Ophiuchus, a fait l’objet de nom- breuses études car son disque contient un “piège à poussière” asy- métrique en forme de noix de cajou. Cette région, qui s’est probablement formée à la suite de la naissance d’une planète ou d’une petite étoile compagnon située entre l’étoile et le piège à poussière, retient un grand nombre de grains de pous- sière de taille millimétrique qui peu- vent s’assembler et se transformer en objets de taille kilométrique comme des comètes, des astéroïdes et peut-être même des planètes. On pense que de nombreuses molé- cules organiques complexes, comme le méthoxyméthane apparaissent dans les nuages de formation d’étoiles, avant même la naissance des étoiles elles-mêmes. Dans ces en- vironnements froids, les atomes et les molécules simples comme le mo- noxyde de carbone se collent aux grains de poussière, formant une couche de glace et subissant des réac- tions chimiques, qui donnent lieu à des molécules plus complexes. Les chercheurs ont récemment découvert que le piège à poussière du disque IRS 48 est également un réservoir de glace abritant des grains de poussière recouverts de cette glace riche en molécules complexes. C’est dans cette région du disque qu’ALMA a maintenant repéré des traces de la molécule de méthoxyméthane : lorsque la chaleur d’IRS 48 sublime la glace en gaz, les molécules piégées héritées des nuages froids sont libé- rées et deviennent détectables. C es images prises avec ALMA (Atacama Large Millimeter/submillimeter Array) montrent les endroits où diverses molécules de gaz ont été trouvées dans le disque autour de l’étoile IRS 48, également connue sous le nom de Oph-IRS 48. Le disque contient une région en forme de noix de cajou dans sa partie sud, qui piège des grains de poussière de taille millimétrique qui peuvent s’assembler et se transformer en objets de taille kilométrique comme des comètes, des asté- roïdes et peut-être même des planètes. Des observations récentes ont permis de repérer plusieurs molécules organiques complexes dans cette région, notam- ment le formaldéhyde (H 2 CO ; orange), le méthanol (CH 3 OH ; vert) et le mé- thoxyméthane (CH 3 OCH 3 ; bleu), ce dernier étant la plus grande molécule trouvée à ce jour dans un disque de formation de planète. L’émission signalant la présence de ces molécules est nettement plus forte dans le piège à poussière du disque, tandis que le monoxyde de carbone gazeux (CO ; violet) est présent dans l’ensemble du disque gazeux. L’emplacement de l’étoile centrale est mar- qué d’une étoile sur les quatre images. Le piège à poussière est à peu près de la même taille que la zone occupée par l’émission de méthanol, montrée en bas à gauche. [ALMA (ESO/NAOJ/NRAO)/A. Pohl, van der Marel et al., Brunken et al.] mation de planètes. Les chercheurs ont aussi tenté de détecter le for- miate de méthyle, une molécule complexe similaire à au méthoxy- méthane, qui est aussi un élément constitutif de molécules organiques encore plus grandes. « C’est vraiment passionnant de détecter enfin ces grosses molécules dans les disques. Nous avons pensé pendant un bon moment qu’il ne serait pas possible de les observer » , explique la co-au-

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