MacroCosmos mai-juin 2022
31 MAI-JUIN 2022 ASTRO PUBLISHING et leurs connaissances pour trouver la véritable nature de ce système. « Les scénarios que nous recherchions étaient plutôt clairs, très différents et facilement distinguables avec le bon instrument » , explique Thomas Rivi- nius. « Nous étions d’accord sur le fait qu’il y avait deux sources de lumière dans le système, la question était donc de savoir si elles orbitent l’une autour de l’autre de manière rapprochée, comme dans le scénario de l’étoile dé- nudée, ou si elles sont très éloignées l’une de l’autre, comme dans le scéna- rio du trou noir. » Pour distinguer les deux propositions, les astronomes ont utilisé l’instrument GRAVITY du VLTI et l’instrument MUSE (Multi Unit Spec- troscopic Explorer) du VLT de l’ESO. U ne nouvelle recherche utilisant les données du Very Large Te- lescope et du Very Large Telescope Interferometer de l’ESO a révélé que HR 6819, que l’on croyait être un système triple avec un trou noir, est en fait un système de deux étoiles sans trou noir. [ESO/L. Calçada] pour HR 6819 très excitantes, car elle présente un candidat parfait pour étudier comment ce vampirisme af- fecte l’évolution des étoiles massives, et à son tour la formation de leurs phénomènes associés, y compris les ondes gravitationnelles et les vio- lentes explosions de supernova. » L’équipe conjointe Leuven-ESO nou- vellement formée prévoit mainte- nant de surveiller HR 6819 de plus près à l’aide de l’instrument GRAVITY du VLTI. Les chercheurs mèneront une étude conjointe du système dans le temps, afin de mieux comprendre son évolution, de contraindre ses propriétés et d’utiliser ces connais- sances pour en apprendre davantage sur d’autres systèmes binaires. Quant à la recherche de trous noirs, l’équipe reste optimiste. « Les trous noirs de masse stellaire restent très insaisissables en raison de leur na- ture » , explique Thomas Rivinius. « Mais les estimations en ordre de magnitude suggèrent qu’il existe des dizaines ou des centaines de millions de trous noirs dans la seule Voie lac- tée » , ajoute Dietrich Baade. Ce n’est qu’une question de temps avant que les astronomes ne les découvrent. « MUSE a confirmé qu’il n’y avait pas de compagnon brillant dans une or- bite plus large, tandis que la haute résolution spatiale de GRAVITY a per- mis de résoudre deux sources bril- lantes séparées par seulement un tiers de la distance entre la Terre et le Soleil » , déclare Abigail Frost. « Ces données se sont avérées être la der- nière pièce du puzzle, et nous ont permis de conclure que HR 6819 est un système binaire sans trou noir. » « Notre meilleure interprétation jusqu’à présent est que nous avons observé ce système binaire peu après que l’une des étoiles ait aspiré l’at- mosphère de sa compagne stellaire. Il s’agit d’un phénomène courant dans les systèmes binaires proches, parfois appelé ‘vampirisme stellaire’ dans la presse » , explique Julia Bo- densteiner, actuellement à l’ESO en Allemagne et auteur de la nouvelle étude. « Alors que l’étoile donneuse a été dépouillée d’une partie de sa matière, l’étoile receveuse a com- mencé à tourner plus rapidement. » « Observer une telle phase post-inter- action est extrêmement difficile car elle est très courte » , ajoute Abigail Frost. « Cela rend nos découvertes !
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