MacroCosmos mai-juin 2020

MAI-JUIN 2020 CHRONIQUES DE L'ESPACE mique durant tout le processus de formation stellaire, dans lequel le mo- noxyde de phosphore joue un rôle essentiel » précise Victor Rivilla, cher- cheur à l’Observatoire d’Astrophy- sique d’Arcetri de l’INAF, l’Institut National d’Astrophysique en Italie. « Le phosphore est un élément essen- tiel à la vie telle que nous la connais- sons » , ajoute Kathrin Altwegg. « Les comètes ont fort probablement ache- miné de vastes quantités de composés organiques jusqu’à la Terre. Le mo- noxyde de phosphore découvert au sein de la comète 67P renforce le lien entre les comètes et la vie sur Terre. » La collaboration entre astronomes a permis de documenter les étapes de ce parcours. « La détection du mo- noxyde de phosphore a été rendue possible grâce à un échange interdis- ciplinaire entre les télescopes au sol et les instruments spatiaux » , précise Kathrin Altwegg. Leonardo Testi, astronome à l’ESO et Directeur des Opérations d’ALMA, conclut ainsi : « Comprendre nos ori- gines, en particulier la fréquence des conditions chimiques favorables à l’émergence de la vie, constitue un sujet d’étude majeur de l’astophy- sique moderne. Tandis que l’ESO et ALMA se focalisent sur l’ob- servation des molécules com- posant les jeunes systèmes planétaires distants, l’ESA, au travers de ses missions spatiales telle Rosetta, effec- tue l’inventaire direct des es- pèces chimiques présentes au sein de notre Système Solaire. La synergie entre les principales installations terrestres et les sondes spa- tiales, au travers de la colla- boration entre l’ESO et l’ESA, constitue un atout majeur pour les chercheurs euro- péens et permet des décou- vertes révolutionnaires telle celle dont il est question au sein de cet article. » S ur cette vue à grand champ figure la région du ciel, dans la constel- lation du Cocher, qu’occupe la zone de formation stellaire AFGL 5142. Cette vue a été générée à partir de clichés issus du DSS2 (Digitized Sky Survey 2). [ESO/DSS2] lieu à une étoile – de faible masse telle le Soleil en l’occurrence, le mo- noxyde de phosphore est susceptible de geler et de se retrouver piégé au sein de grains de poussière glacés qui demeurent en périphérie de la nou- velle étoile. Avant même que l’étoile ne soit complètement formée, ces grains de poussière s’agglutinent et se constituent en cailloux, en rochers, et finalement en comètes, qui deviennent des vecteurs de monoxyde de phosphore. L’instrument ROSINA (Ro- setta Orbiter Spectrometer for Ion and Neutral Analysis) embarqué à bord de la sonde ROSETTA a collecté, deux années durant, des données concernant 67P. A l’époque de la mission, ces données avaient révélé la présence de phosphore. Tou- tefois, les astronomes igno- raient la molécule ayant contribué à son achemine- ment sur la comète. Kathrin Altwegg, la scientifique res- ponsable de l’instrument ROSINA, par ailleurs contri- C ette vidéo débute sur une vue étendue de la région du ciel qu’occupe la constellation du Cocher. Puis elle effec- tue un zoom sur la région de formation stellaire AFGL 5142 récemment observée au moyen d’ALMA. [ALMA (ESO/NAOJ/ NRAO), Rivilla et al.; Mario Weigand, www.Sky-Trip.de ; ESO/Digitized Sky Survey 2; Nick Risinger (skysurvey.org )] butrice de cette nouvelle étude, a émis une hypothèse concernant cette molécule de transport après avoir été approchée lors d’une conférence par un astronome étu- diant les régions de formation stel- laires au moyen d’ALMA : « Elle a dit que le monoxyde de phosphore pour- rait être un excellent candidat, alors j’ai ré-examiné nos données et déni- ché sa trace ! » Cette première détec- tion de monoxyde de phosphore sur une comète permet d’établir une re- lation entre les régions de formation stellaire, sites de production de la mo- lécule, et la Terre. « La combinaison des données d’ALMA et de ROSINA a révélé une sorte de fil conducteur chi- !

RkJQdWJsaXNoZXIy MjYyMDU=