MacroCosmos mai-juin 2020

50 MAI-JUIN 2020 ser le site de production des molécules phos- phorées tel le monoxyde de phosphore. De nou- velles étoiles et leurs cortèges planétaires se forment au sein de nuages de gaz et de pous- sière semblables aux nuages interstellaires. Ces derniers constituent donc les sites de recherche privilégiés des éléments constitutifs de la vie. Les observations d’ALMA ont montré que la création de molécules phosphorées accom- pagne la formation d’étoiles massives. Les flux de gaz issus des jeunes étoiles massives créent des cavités au sein des nuages interstellaires. Sous les effets combinés des chocs et du rayon- nement en provenance de la jeune étoile, des molécules contenant du phosphore se forment sur les parois de ces cavités – en particulier le monoxyde de phosphore, la molécule phos- phorée la plus abondante sur ces sites. Après avoir recherché cette molécule au sein de diverses régions stellaires au moyen d’ALMA, l’équipe européenne s’est focalisée sur un objet du Système Solaire : la désormais célèbre comète 67P/Churyumov–Gerasimenko. L’idée était de suivre la trace de ces composés phosphorés. Si les parois de la cavité s’effondrent pour donner ALMA et Rosetta cartographient le parcours du phosphore P résent au sein de notre ADN et de nos membranes cellulaires, le phosphore est un élément essentiel à la vie telle que nous la connaissons. Toutefois, les modalités de son arrivée sur la Terre primitive demeurent incon- nues. Les astronomes sont parvenus à retracer le parcours du phosphore depuis les régions de formation stellaire jusqu’aux comètes, en com- binant les données acquises par le réseau ALMA et la sonde Rosetta de l’Agence Spatiale Euro- péenne. Leur travail de recherche révèle le site de production des molécules contenant du phosphore, leur transport cométaire ainsi que le rôle crucial joué par une molécule particulière dans l’apparition de la vie sur notre planète. « La vie est apparue sur Terre voici quelque 4 milliards d’années. Les processus qui en sont à l’origine demeurent toutefois aujourd’hui en- core méconnus » , précise Victor Rivilla, auteur principal d’une nouvelle étude publiée ce jour au sein de la revue Monthly Notices of the Royal Astronomical Society . Les nouveaux ré- sultats obtenus par le Vaste Réseau (Sub-)Mil- limétrique de l’Atacama (ALMA), dont l’Ob- servatoire Européen Austral (ESO) est parte- naire, et par l’instrument ROSINA embarqué sur la sonde Rosetta, montrent que le mo- noxyde de phosphore constitue un élément es- sentiel du puzzle de l’origine de la vie. La résolution d’ALMA a permis d’examiner en détail la région de formation stellaire baptisée AFGL 5142. Les astronomes ont donc pu locali- par ESO / Thierry Botti S ur cette infographie figurent les principaux résultats d’une étude relative à l’origine inter- stellaire du phosphore, l’un des éléments consti- tutifs de la vie. [ALMA (ESO/NAOJ/ NRAO), Rivilla et al.; ESO/L. Calçada; ESA/Rosetta/NAVCAM; Mario Weigand, www.SkyTrip.de ]

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