MacroCosmos mars-avril 2024

37 MARS-AVRIL 2024 ASTRO PUBLISHING donc à ce qu’ils soient capables de générer de puissants flux sortants. » Le quasar observé par les chercheurs, J2054-0005, présente un redshift très élevé : il semble que lui et la Terre s’éloignent très rapidement l’un de l’autre. « J2054-0005 est l’un des quasars les plus brillants de l’univers lointain, nous avons donc décidé de considérer cet objet comme un ex- cellent candidat pour étudier de puissants flux sortants » , explique Hashimoto. Les chercheurs ont utilisé ALMA pour observer la sortie de gaz moléculaire du quasar. En tant que seul instrument au monde doté de la sensibilité et de la couverture de fré- quence nécessaires pour détecter les écoulements de gaz moléculaires dans l’univers primitif, ALMA a joué un rôle essentiel dans cette étude. En parlant de la méthode utilisée dans l’étude, Salak commente : « Le gaz moléculaire sortant (OH) a été découvert en absorption. Cela signi- fie que nous n’avons pas observé de rayonnement micro-onde provenant directement des molécules OH ; au lieu de cela, nous avons observé un rayonnement provenant du quasar brillant, et l’absorption signifie que les molécules OH ont absorbé une partie du rayonnement du quasar. C’était donc comme révéler la pré- sence d’un gaz en voyant l’ombre qu’il projette devant la source lumi- neuse » . Les résultats de cette étude sont la première preuve claire de l’existence de puissantes sorties de gaz moléculaires provenant de ga- laxies qui hébergent des quasars, af- fectant l’évolution des galaxies au début de l’ère cosmique. « Le gaz moléculaire est un constituant très important des galaxies, car c’est le carburant nécessaire à la formation des étoiles » , conclut Salak. « Nos ré- sultats montrent que les quasars sont capables de supprimer la formation stellaire dans leurs galaxies hôtes en expulsant des gaz moléculaires dans l’espace intergalactique. » V ue d’artiste d’un écoulement de gaz moléculaire du quasar J2054- 0005. [ESO/NAOJ/NRAO] !