MacroCosmos mars-avril 2024
MARS-AVRIL 2024 deux objets, le vestige compact et l’étoile compagnon, ont probable- ment continué à tourner en orbite l’un autour de l’autre. Les données recueillies par l’équipe de Thomas Moore, qui comprenaient des observations avec le NTT de l’ESO dans le désert d’Atacama au Chili, n’ont pas permis de déterminer exac- tement comment l’interaction entre les deux objets a provoqué les hauts et les bas de la courbe de lumière. Mais l’équipe de Ping Chen a fait d’autres observations. Elle a trouvé les mêmes fluctuations régulières de la luminosité visible du système que celles détectées par l’équipe de Tho- mas Moore, et elle a également re- péré des mouvements périodiques d’hydrogène gazeux et des bouffées de rayons gamma dans le système. Leurs observations ont été rendues possibles grâce à une flotte d’instru- ments au sol et dans l’espace, notam- ment X-shooter sur le VLT de l’ESO, également situé au Chili. En rassemblant tous les indices, les deux équipes s’accordent à dire que lorsque l’étoile compagnon interagit avec la matière projetée lors de l’ex- plosion de la supernova, son atmo- sphère riche en hydrogène devient plus dense qu’à l’accoutumée. En- suite, lorsque l’objet compact restant après l’explosion traverse l’atmo- sphère de l’étoile compagnon sur son orbite, il vole de l’hydrogène ga- zeux, formant un disque chaud de matière autour de lui. Ce processus périodique de vol puis d’accrétion de matière produit beaucoup d’énergie qui se manifeste dans les observa- tions sous la forme de changements réguliers de luminosité. Bien que les équipes n’aient pas pu observer de lumière provenant de l’objet compact lui-même, elles ont conclu que ce vol énergétique ne peut être dû qu’à une étoile à neu- trons invisible, ou peut-être à un trou noir, qui aspire la matière de l’atmosphère gonflée de l’étoile compagne. « Nos recherches s’appa- rentent à la résolution d’un puzzle en rassemblant toutes les preuves possibles » , explique Ping Chen. « Toutes les pièces qui s’alignent conduisent à la vérité » . La présence d’un trou noir ou d’une étoile à neutrons étant confirmée, il reste encore beaucoup à découvrir sur ce système énigmatique, notam- ment la nature exacte de l’objet compact ou la fin qui pourrait atten- dre ce système binaire. Les télescopes de nouvelle génération, tels que l’Ex- tremely Large Telescope de l’ESO, dont la mise en service est prévue pour la fin de la décennie, y contri- bueront en permettant aux astro- nomes de révéler des détails sans précédent sur ce système unique. !
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