MacroCosmos mars-avril 2018

31 MARS-AVRIL 2018 CHRONIQUES DE L'ESPACE de l’explosion puis de l’effondre- ment d’étoiles massives tout au long de la durée de vie de l’amas. En l’absence de formation continue d’étoiles, comme c’est le cas dans les amas globulaires, les trous noirs de masse stellaire deviennent rapide- ment les objets les plus massifs. En règle générale, les trous noirs de masse stellaire des amas globulaires sont quelque quatre fois plus mas- sifs que les étoiles périphériques de faible masse. Des théories récentes stipulent que les trous noirs consti- tuent un noyau dense à l’intérieur de l’amas, qui tend à s’éloigner du reste de la matière globulaire. Des mouve- ments au centre de l’amas sont en- suite supposés éjecter la majorité des trous noirs, seul quelques-uns d’entre eux survivant, des milliards d’années durant. L’instrument MUSE de l’ESO offre aux astronomes la possibilité de simultanément mesu- rer les mouvements de milliers d’étoiles lointaines. Avec cette nou- velle découverte, Benjamin Giesers et son équipe ont pour la toute pre- mière fois été capables de détecter un trou noir passif au centre d’un amas globulaire – un trou noir qui n’absorbe actuellement aucune ma- tière et n’est entouré d’aucun disque de gaz brillant. Ils ont été en mesure d’estimer la masse du trou noir grâce aux mouvements d’une étoile prise au piège de son énorme attraction gravitationnelle. L’observation de ses propriétés a permis de fixer la masse de l’étoile à quelque 0,8 masse solaire, et la masse de sa mys- térieuse contrepartie à environ 4,36 masses solaires – ce qui permet de l’identifier presque certainement à un trou noir. Les récentes détections de sources de rayonnements radio et X au sein des amas globulaires, tout comme la détection d’ondes gravita- tionnelles résultant de la fusion de deux trous noirs de masses stellaires, suggèrent que ces trous noirs de mo- destes dimensions pourraient être bien plus nombreux qu’imaginé au sein des amas globulaires. Benjamin Giesers de conclure : « Récemment encore, nous pensions que la plupart des trous noirs disparaissaient des amas globulaires en un laps de temps très court, et que de tels sys- tèmes n’existaient même pas ! Ce n’est manifestement pas le cas – nous avons pour la toute première fois détecté les effets gravitationnels d’un trou noir de masse stellaire au sein d’un amas globulaire. Cette dé- couverte permet d’affiner notre compréhension de la formation des amas globulaires ainsi que l’évolu- tion des trous noirs et des systèmes binaires – ce qui est essentiel pour la compréhension des sources d’ondes gravitationnelles. » !

RkJQdWJsaXNoZXIy MjYyMDU=