MacroCosmos janvier-février 2021
34 JANVIER-FÉVRIER 2021 ASTRO PUBLISHING ! La découverte a été possible parce que l’événement de rupture par effet de marée étudié par l’équipe, AT2019qiz, a été découvert peu de temps après que l’étoile ait été mise en pièces. « C’est parce que nous l’avons détecté tôt, que nous avons pu voir le rideau de poussière et de débris se lever lorsque le trou noir a éjecté cette puissante gerbe de ma- tière à des vitesses pouvant atteindre 10000 km/s » , explique Kate Alexan- der, boursière Einstein de la NASA à l’université Northwestern aux États- Unis. « Cet exceptionnel “coup d’œil derrière le rideau” nous a fourni la première occasion de déterminer l’origine la matière obscurcissante et de suivre en temps réel comment elle enveloppe le trou noir » . L’équipe a effectué des observations d’AT2019qiz, située dans une ga- laxie spirale de la constellation d’Eri- dan, sur une période de 6 mois, alors que sa luminosité augmentait puis s’éteignait. « Plusieurs programmes de sondage du ciel ont détecté l’émission provoqué par ce nouveau phénomène de perturbation par effet de marée très rapidement après que l’étoile ait été déchirée », explique Thomas Wevers. « Nous avons immédiatement pointé une série de téles- copes terrestres et spa- tiaux dans cette direction pour voir comment la lu- mière était produite » . De multiples observations de l’événement ont été faites au cours des mois suivants avec des instru- ments parmi lesquels X- shooter et EFOSC2, de puissants instruments du VLT et du NTT de l’ESO, qui sont situés au Chili. Ces observations rapides et approfondies dans l’ul- traviolet, l’optique, les rayons X et la lumière ra- dio ont révélé, pour la pre- C ette animation montre une étoile en train de se spaghettiser alors qu'elle est aspirée par un trou noir supermassif lors d'un "événement de rupture par effet de marée". Dans une nouvelle étude, réalisée avec l'aide du Very Large Te- lescope de l'ESO et du New Technology Telescope de l'ESO, une équipe d'astro- nomes a découvert que lorsqu'un trou noir dévore une étoile, il peut éjecter un puissant jet de matière vers l'extérieur. [ESO/M. Kornmesser] au profit du monstre qu’est le trou noir, qui est plus d’un million de fois plus massif » , explique Matt Nicholl, également chercheur invité à l’uni- versité d’Édimbourg. Cette recherche nous aide à mieux comprendre les trous noirs super- massifs et comment la matière se comporte dans les environne- ments de gravité extrême qui les entourent. Selon l’équipe, AT2019qiz pourrait même servir de « pierre de Rosette » pour interpréter les observa- tions futures des événements de perturbation par effet de marées. L’ELT (Extremely Large Teles- cope) de l’ESO, dont l’entrée en service est prévue pour cette décennie, permettra aux chercheurs de détecter des événements de perturbation par effet de marées de plus en plus faibles et évoluant plus rapidement, afin de résoudre d’autres mystères de la phy- sique des trous noirs. C ette séquence vidéo fait un zoom sur la galaxie où se dé- roule l'événement de rupture par effet de marée AT2019- qiz. Ce phénomène, une explosion de lumière provenant d'une étoile déchirée par un trou noir supermassif, a été étu- dié par les télescopes de l'ESO. [ESO/Digitized Sky Survey 2/N. Risinger (skysurvey.org ). Music: Astral Electronics] mière fois, un lien direct entre la ma- tière s’écoulant de l’étoile et la bril- lante éruption émise lorsqu’elle est dévorée par le trou noir. « Les observations ont montré que l’étoile avait à peu près la même masse que notre propre Soleil, et qu’elle en a perdu environ la moitié
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