MacroCosmos janvier-février 2016
45 MARS-AVRIL 2016 CHRONIQUES DE L'ESPACE absolu soit 7 Kelvin) à une distance d’environ 15 milliards de kilomètres. C’est la première mesure de tempé- rature de grains larges (dont la taille tourne autour du millimètre) dans ce type d’objet. Par ailleurs, les mo- dèles actuels prévoient plutôt des températures oscillant entre -258° et -253° Celsius. Pour expliquer cette différence, les grains de poussières les plus larges doivent avoir des pro- priétés différentes que celles que nous connaissons aujourd’hui, pour pouvoir descendre à de telles tem- pératures. « Pour pouvoir comprendre l’impact d’une telle découverte sur la struc- ture de ces disques, nous devons at- tribuer des propriétés différentes à ces poussières qui permettent de ju- stifier des températures si basses. Nous avons bien sûr quelques idées : par exemple la température des grains les plus gros est peut-être plus basse que celle des grains de plus petites tailles. Mais c’est bien trop tôt pour en être sûr » ajoute Emmanuel Di Falco du laboratoire d’Astrophysique de Bordeaux et co- auteur de la publication scientifique. Si les basses températures des pous- sières sont la norme dans les disques protoplanétaires, ceci conduira à ter- me à mieux comprendre la forma- tion et l’évolution de ces disques. Par exemple, ces propriétés différen- tes des grains auront un impact sur les collisions entre ces particules, et par voie de conséquence sur le rôle qu’ils jouent en tant que matériaux de formation des planètes. A ce sta- de il n’est pas encore possible d’éva- luer si ces changements de proprié- tés auront un impact significatif. Mais ces très basses températures peuvent aussi avoir un impact ma- jeur sur des disques protoplanétaires moins massifs. Si ces disques sont composés en majorité de grains plus gros que ce que nous croyons actuel- lement, cela veut dire que ces struc- tures plus compactes, seront plus massives et capable de produire des planètes géantes sur des orbites plus proches de leurs étoiles. Si les résul- tats d’ALMA sont confirmés par des observations complémentaires, ils auront d’importantes conséquences sur notre compréhension des dis- ques protoplanétaires. L a jeune étoiles 2MASS J16281370-2431391 se situe dans la spectaculaire maternité d’étoiles Rho Ophiuchi à envi- ron 400 années-lumière de no- tre Terre. Elle est entourée d’un disque de poussières et de gaz, appelé protoplanétaire car à l’origine de la formation d’un système planétaire. Vu sur la tranche, la forme de ce disque en lumière visible lui a valu le surnom de Soucoupe Volante. L’image principale montre une partie de la région de Rho Ophiu- chi et une vue élargie de la Sou- coupe Volante dans l’encart, prise en infra-rouge par le té- lescope spatial Hubble. [Digiti- zed Sky Survey 2/NASA/ESA] n
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