MacroCosmos janvier-février 2016
ÉVOLUTION STELLAIRE Comme l'en- veloppe de poussière de- vint de plus en plus fine, la luminosité ap- parente de Êta Carinae diminua, tant qu'en 1886 el- le tomba sous le seuil de la visibilité à l’œil nu (magnitude > 6). Tandis qu'elle pro- duit environ 5 millions de fois plus d'énergie que le Soleil, Êta Carinae apparaît aujourd'hui comme une étoile de 7,6 de magnitude avec des variations quelques fois par siècle qui per- mettent pendant de courtes périodes de l'ob- server à l’œil nu dans un ciel limpide et noir. Les astronomes soupçon- nent que ce phénomène paroxystique soit lié à la duplicité de l'étoile, du fait que certaines des éruptions historiques les plus significatives se sont produites durant le pas- sage au périastre. Cependant, la cause de ce phénomène éruptif reste inconnue à ce jour. Et ceci nous ramène au problème de la singula- rité de Êta Carinae car avec un seul spécimen, il n'est ni possible de pro- poser des modèles théo- riques capables de dé- crire avec précision ce qu'il s'est produit dans le passé, ni de prédire le nombre et la distribution d'objets similaires. En somme, il serait sou- haitable de découvrir des étoiles jumelles d’Êta Carinae. Mais que cher- cher et où ? Les deux étoiles géantes bleues qui composent l'ensemble dont nous parlons produit un immense flux de radia- tions ultraviolettes qui sont absorbés par les poussières environnantes, et qui en les ré- chauffant, les rediffuse sous la forme de ra- yons infrarouges. Grâce aux observations du Spitzer Space Te- lescope, nous savons maintenant que pour Êta Carinae, ce type d'énergie s'élève rapide- ment entre 3,6 et 8 m (microns) pour chuter ensuite entre 8 et 24 m. Ce fonctionnement indique la présence de poussières circumstellaires d'une température allant de 400 à 600 Kelvin. De par la brillance apparente dans la lumière visible de la paire d'étoiles et de par la comparaison avec la bril- lance théorique attendue en l'absence de poussières, il a été possible de déterminer au travers de données collectées par le Télescope Spatial Hubble la masse de cette poussière : entre 5 et 10 masses solaires. C omme cette vidéo le mon- tre, la structure complexe bilobée du nuage de pous- sières entourant Êta Carinae est due à la duplicité de l'object et au passage turbulent au périastre des deux étoiles. [GSFC/NASA] À droite, une pho- to de l'hémisphère sud, avec le Mont Kilimandjaro à l'horizon, en haut à gauche la Croix du Sud et au centre la Grande Nébuleuse de la Carène, dans la- quelle se cache Êta Carinae. [Babak Tafreshi]
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