MacroCosmos janvier-février 2016
PLANÉTOLOGIE périhélie est au-delà de l’orbite des planè- tes principales, ce qui la met à l’abri de l’in- fluence gravitationnelle de Neptune, à laquelle sont au contraire soumis nombre d’autres objets de la ceinture de Edge- worth-Kuiper (surnommés KBOs pour Kui- per Belt Objects). 2012 VP 113 , Sedna, et une poignée d’autres objets similaires sont con- sidérés comme les plus remarquables et les plus proches membres d’une population de KBOs orbitant dans les régions externes de cette ceinture. Les découvreurs de 2012 VP 113 , Chadwick Trujillo (Observatoire de Gemini) et Scott Sheppard (Institut Carnegie pour la Science), ont tout de suite remarqué que l’orbite du nouvel objet avait en commun avec Sedna un paramètre éloquent, l’argument du péri- hélie ( ω ), dont la valeur, proche de 300 de- grés, indique que les deux KBOs atteignent leur périhélie et franchissent le plan de l’écliptique (du sud vers le nord) du même côté du Soleil. Intrigué par cette coïncidence, Trujillo et Sheppard se sont mis à examiner en détail les orbites de ces deux objets aty- piques, ainsi que celles d’une dizaine d’au- tres KBOs très éloignés. Ils ont ainsi décou- vert qu’ils partagent tous (à quelques degrés près) une valeur similaire de ω . Par la suite, les deux chercheurs publièrent les résultats de leur étude, suggérant que ce cu- rieux attroupement de périhélies proches de l’écliptique pourrait être causé et maintenu par la présence autour du Soleil d’une pla- nète distante encore inconnue. Vers la fin 2014, ces conclusions suscitèrent l’intérêt de deux autres chercheurs, Konstan- tin Batygin et Mike Brown de l‘Institut de Te- chnologie de Californie (Caltech) à Pasadena; le premier a une compréhension en profon- deur des dynamiques orbitales et des simula- tions numériques; le second est un professeur de science planétaire, codécouvreur de nom- breux objets trans-neptuniens, y compris Eris et Sedna, et promo- teur de la rétrogradation de Plu- ton au rang de planète naine, il y a dix ans. En résumé, pas n’im- porte quels chercheurs ! En réexaminant minutieuse- ment le sujet, Batygin et Brown réalisèrent qu’il devait y avoir plus encore à découvrir derrière ces étranges « coïncidences ». En fait ils découvrirent vite que les périhélies de cette petite popu- lation de KBOs étaient non seu- P ercival Lowell, un riche astro- nome, dont on fête cette année le centenaire de la mort, fut le pre- mier à se vouer assidûment à la recherche d’une grosse planète trans-neptunien- ne [Lowell Obs.] À gauche, une vidéo donnant une synthèse sur la probable exi- stence de Planète Neuf. [Science AAAS]
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